Château Duplessis

100 Châteaux qu’il faut connaître à Bordeaux. (Jean-François Chaigneau & Isabelle Spaak)

A chaque Château son vin et son histoire. Dans cet ouvrage, Isabelle Spaak et Jean-François Chaigneau passent en revue les 100 plus belles propriétés de Bordeaux, rive droite et rive gauche confondues, sélectionnées pour la qualité de leurs millésimes successifs et leur rôle dans l’histoire viticole de la région. De Saint-Estèphe à Pomerol, les deux auteurs nous emmènent dans un voyage gourmand ponctué de fascinants récits. – Stéphane Reynaud –

Château Duplessis

La tisane de Richelieu.

Embastillé pour libertinage, ami de Voltaire, compagnon de débauche du régent Philippe d’Orléans, académicien alors qu’il connaissait à peine l’orthographe, mécène du théâtre de Bordeaux, petit-neveu du Cardinal de Richelieu, François Armand de Vignerot du Plessis aurait guéri le roi Louis XV d’une « langueur d’entrailles » en lui recommandant de boire un verre de vin de sa propriété de Moulis. A une époque où Versailles s’enivrait de bourgogne et de bulles de champagne, le cru miraculeux gagna le surnom de « tisane de Richelieu. » Partagée en deux à la fin du XIXe, la propriété est acquise en 1980 par Lucien Lurton. Sa fille Marie-Laure entreprend la transformation en viticulture raisonnée de ce terroir argilocalcaire de 23 hectares qui marie les quatre cépages rouges du Bordelais, avec une nette dominante de merlot. Cédé en 2015 à la famille de Philippe Ferrier, Château Duplessis gagne la reconnaissance des crus bourgeois la même année.

2015. sous le soleil exactement pour ce millésime puissant. Vin en totalité sur le fruit.

 

A l’entrée de son domaine, Philippe Ferrier observe les vignes rougies par l’automne qui s’étendent à perte de vue. 21 hectares viticoles sur lesquels sa famille produit désormais le vin du château Duplessis. En ce samedit, il fait découvrir au grand public ses vignes, ses fûts et ses millésimes.

C’est en 2015 que Philippe, né de parents viticulteurs, décide de revenir aux sources et d’acheter un domaine où il pourrait produire son propre vin. Il tombe sous le charme de celui de Marie-Laure Lurton. Sur le rétroprojecteur de la salle de dégustation, des photos de l’ancien domaine défilent.  » C’était superbe, mais tout était à refaire. Il fallait reconstruire, réaménager » explique Brigitte, sa femme.

Pendant un an, enfants, petits-enfants et grands-parents ont mis la main à la pate.  » Avec ma mère, on s’est occupées des chambres et de la salle qu’on loue pour les mariages ou les réceptions. Papa s’est occupé de tout ce qui concerne le vin. On a vraiment décidé de vivre cette aventure en familles  » explique leur fille Crystelle.

NOUVELLE JEUNESSE

Avec la fontaine au bout de l’allée du château et la sculpture du Duplessis qui trône pour accueillir les visiteurs, difficile d’imaginer que tout était presque en ruine. Louis Lopez, l’artiste qui a réalisé la sculpture, a été invité à exposer ses oeuvres pour les portes ouvertes. Je suis ravi de pouvoir participer à ce renouveau. La famille Ferrier a vraiment donné une nouvelle jeunesse au domaine.  »

Marc Alcaraz, ancien salarié du château pendant 15 ans, confirme :  » Il n’y a pas que l’endroit qui a changé, il y a aussi le vin. Il est boisé et fruité à la fois, rond et puissant en même temps. Sa robe est magnifique. C’est vraiment réussi.

DU ROUGE EN CULTURE RAISONNEE

Pour Philippe, C’était important d’investir pour changer les techniques de production de son vin.  » On a décidé de pratiquer une culture raisonnée. On a remis à niveau les sols, on n’utilise pas d’herbicides et, surtout, on ne traite que lorsque cela est nécessaire, en prenant en compte la pluviométrie, la végétation et le développement de la vigne.  »

Sylvie Monjalet, le maître de chai et chef de culture, est sur le même longueur d’onde que son patron :  » On n’utilise pas de biosulfite au départ, on ne fait pas de foulage. Tous ces petits gestes nous permettent de changer totalement notre méthode de vinification ».

Ici, pas d’employé à la chaîne, au contraire. Seule Sylvie organise le travail avec quelques prestataires et une saisonnière.  » Notre but, ce n’est pas d’avoir un gros rendement, mais une production de qualité. » La jeune femme désigne les 200 barriques alignées les unes après les autres dans la cave.  » Le vin reste 11 à 15 mois en barrique, ce qui nous permet de produire environ 70 000 à 80 000 bouteilles par an. »

Philippe espère désormais faire fructifier leur activité. Avec des bouteilles abordables, entre 14 et 16 euros, distribuées dans les caves et chez les particuliers, il a déjà un fichier client bien rempli.

 » Notre appellation communale Moulis-en-Médoc nous permet d’avoir une légitimité. On se connait tous entre vitivulteurs et on s’entraide. Je suis confiant, le château Duplessis a de beaux jours devant lui. »

Le Château DUPLESSIS avait un stand à EXP’HOTEL Bordeaux du 19 au 21 Novembre.

Château Duplessis Cru Bourgeois Moulis en médoc 2015 : Puissant

Robe rubis aux reflets pourpre. Le nez est capiteux et intense. Les mûres, la framboise, les épices et le bois forment un mélange complexe et bien assorti. La bouche est suave, les tanins sont souples et fondus. Une pointe d’acidité rehausse cette structure sublime.

artiste-louislopez.fr

Portes Ouvertes le samedi 18/11 de 9h à 18h. Visites des chais, dégustation. Avec une exposition de l’Artiste Louis Lopez.

L’entretien de la vigne est une chose, l’entretien du domaine en est une autre tout aussi importante.

Le Château Duplessis se remet doucement du gel, les travaux dans la vigne continuent avec le relevage.